Voilà plus de 2 ans que les Souls addicts, comme personne ne les appelle, attendaient la suite de l’épopée sombre. Il y a bien eu l’excellent Bloodborne, petit cousin pas si éloigné, qui a servi de carburant aux fans, de porte d’entrée aux noobs et qui a su apporter et laisser quelques empreintes dans la saga, mais le retour à la légende du Seigneur des cendres possède un goût unique, celui de l’aventure impossible et des blessures plaisantes qui s’ouvrent. Quatrième et petit dernier de la famille Souls de From Software, Dark Souls III, qui clôture la trilogie, est comme un nouveau-né parfait dont vous allez vouloir vous occuper le jour et qui va vous empêcher de dormir la nuit.
“You know nothing”
Nul besoin d’avoir joué aux précédents volets (mais faites le tout de même) pour pénétrer ce royaume de Lothric, dans lequel vous (dés)incarnez une morte-flamme dont la quête est d’empêcher l’apocalypse en détruisant les 5 précédents Seigneurs des cendres. Le reste de la légende, ça sera à vous de le découvrir et de l’écrire. En effet, outre la difficulté accrue, l’autre marque de fabrique de la saga est de vous plonger dans un monde dont vous ne savez (presque) rien et de découvrir par vous-même le pourquoi du comment, en explorant, discutant avec les PNJ, en lisant les descriptions d’objets ramassés, etc. Se sentir faible et perdu est donc tout à fait normal et fait partie de l’expérience Dark Souls.
Partir, c’est mourir un peu
Après avoir créé votre personnage des pieds à la tête, lui avoir donné un nom, un sexe, une classe (parmi 10 dont chevalier, voleur ou sorcier…) et les caractéristiques associées (force pour un chevalier, dextérité pour un voleur etc…), vous voilà parti(e) à l’aventure, sur le principe de “porte-monstres-trésor” avec votre faible équipement dans des contrées arides et désolées, ne proposant que le danger et la mort. Il vous faudra explorer, combattre la vermine avec prudence et fouiller les moindres recoins, chemins escarpés et autres murs illusoires pour y dénicher des objets utiles à votre survie, rangés soigneusement dans votre inventaire et accessibles en plein combat en configurant le menu rapide. En tuant des monstres, vous trouverez de l’équipement, des items et surtout des âmes (ou souls), que vous collecterez à la mort de vos ennemis et qui vous serviront de monnaie pour acheter du matériel ou pour augmenter les caractéristiques de votre personnage. Au même titre que l’histoire obscure, vous devrez découvrir vos capacités tout seul, essayer telle ou telle arme (souvent à caractéristique spéciale unique), voir quel équipement vous convient le mieux, gérer l’équilibre entre armures trop lourdes (ça peut affecter vos déplacements) et robe trop faible, si vous voulez utiliser les miracles, la pyromancie ou la sorcellerie (quelle que soit votre classe de départ) et tout ça, en fonction de votre façon de jouer. Il existe tellement de configurations de personnages (appelées “builds”) différentes, qu’aucune partie ne ressemblera à la précédente.
Propres à chaque ennemi dont il faudra analyser les schémas de mouvements, les combats offrent un éventail de possibilités extrêmement riche, allant de la simple joute à coups d’épée aux parades de bouclier pour finir l’ennemi avec un coup critique. Viennent s’ajouter à ça les sorts et mouvements, qui enrichissent un peu plus les clashs dont le principe de base reste la protection et l’esquive. Le bouclier et la roulade sont vos amis les plus précieux, que vous soyez un chevalier survitaminé bourrin ou un pauvre mendiant à poil avec un bâton. Il existe une multitude de techniques à découvrir (armes à une main, deux mains, parades, imprégnation d’armes…). Et la meilleure façon de comprendre, savoir et apprendre, c’est via le maître mot de la saga des Souls, grâce à la chose que vous rencontrerez le plus durant vos aventures : LA MORT.
Vous mourrez, beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Mais c’est comme ça que vous progresserez et même si c’est toujours très frustrant de perdre vos souls à votre trépas, ça deviendra monnaie courante et vous apprendrez vite à être méthodique et prudent (ce que les fans de la série appellent “respecter le jeu”) et finirez par obtenir le graal de la satisfaction du travail bien fait.
Évidemment, à la mort, vous ne perdez pas tout, excepté votre reste d’humanité, vous repartez du dernier feu de camp allumé (les checkpoints) et il vous suffira de retourner sur les lieux de votre dernière mort pour récupérer les souls perdues. Sauf bien sûr, si sur le chemin, vous vous faites à nouveau occire, auquel cas elle seront perdues à jamais. Pour éviter au maximum le danger et affronter la mort au mieux, n’hésitez jamais à consulter les taches de sang au sol, symbolisant les morts des autres joueurs, et ainsi voir ce qu’il faut faire ou ne pas faire. De plus, les traces rougeoyantes toujours au sol sont des messages laissés par d’autres joueurs, pour vous aider… ou pas.
Le feu est votre ami dans Dark Souls III, il sert donc de checkpoint, à remettre toutes vos barres de vie, mana et endurance au max, remplir vos fioles d’Estus (redonne de la vie) et d’Estus cendreux (redonne de la mana) et à voyager sur le réseau des autres feux de camp que vous avez déjà allumés. Le plus important étant “Lige-Feu”, sorte de sanctuaire dans lequel se retrouvent la plupart des personnages rencontrés, avec qui vous pourrez discuter, marchander, apprendre des sorts, monter vos stats, etc. Autre particularité de ces feux de camp : Vous y asseoir fait réapparaître tous les monstres tués (sauf les spéciaux et les boss). Le repos est court dans Dark Souls III, mais certainement pas gratuit.
Marque blanche
Le monde de Lothric est dur mais vous ne serez pas seul. Le danger est parfois trop grand, la tâche trop ardue ou bien au contraire, vous vous ennuyez tout seul : aucun problème, vous pouvez invoquer de l’aide ou proposer la vôtre, avec des inconnus ou avec vos potes, il suffit d’une marque au sol avec l’objet dédié et d’un mot de passe si c’est en privé et vos compères viendront vous prêter main-forte. Si vous avez l’esprit d’équipe affûté, vous pouvez même faire partie d’un groupe en prêtant serment à un ordre (du soleil, du loup etc.), cela vous permettra tantôt d’avoir de l’aide, tantôt d’aller aider votre ordre en envahissant le monde d’un autre joueur et souvent d’obtenir des récompenses. Bien sûr, si vous vous permettez d’envahir un autre joueur, il pourra se le permettre aussi.
La mort vous va si bien
Si le graphisme n’a jamais été un des points forts de la série malgré les lieux et monstres toujours originaux, les gars de From Software n’ont pas bâclé les choses pour autant et si Bloodborne avait surpris par le soin apporté à l’esthétique, Dark Souls III en est le digne successeur. Passer de l’obscurité glauque et mouillée de catacombes à un bord de ravin par une nuit étoilée, des murs colossaux d’une cathédrale à la puanteur des marécages toxiques permet de vivre un éventail d’émotions très riche grâce à une variété dans les décors majestueux et une inventivité morbide pour le bestiaire. L’infinité d’armes, d’équipements et d’effets de magie pourrait vous bloquer des heures à chercher le style qui claque (tapez “Fashion Souls dans Youtube ^^) et la beauté malsaine des monstres qu’on se surprend à regarder bouger pourrait vous coûter la vie.
Ce monde ne serait pas le même sans une sonorité à la hauteur, des bruitages toujours plus flippants, malsains, des cris stridents ou des effets de chair qui explose. Le son sera parfois votre seul repère sur la position du danger qui vous arrive dessus. Et bien évidemment, la qualité fabuleuse des musiques, réservées aux boss, qui en plus d’être épiques et dramatiques, mettent superbement les combats titanesques en valeur. La BO s’écoute toute seule, c’est sublime.
Bien dur et bien long
Si vous vous laissez charmé par Dark Souls III, vous n’aurez pas assez d’une partie pour en découvrir toutes les facettes. Il y a tellement de lieux (cachés ou non) à explorer (seul ou avec des potes), de quêtes secondaires à débloquer (à côté desquelles vous pouvez passer), tant de builds à tester avec un personnage, multiplié par le nombre de classes et un scénario si riche qu’il n’apparaît qu’en filigrane au premier abord, que vous serez bien tenté de faire un “new game +”. La durée de vie peut être rallongée aisément si vous êtes curieux(se) et que vous cherchez sur le net pour en savoir plus sur les builds, sur les techniques, sur l’histoire et ses personnages et que vous plongez dans la communauté très large de l’univers des Souls (merci Dotsmarc pour l’info). La fin du jeu peut être vue en une trentaine d’heures si on court, mais si vous prenez votre temps, vous doublerez facilement cette durée, sans parler des trophées.
100 heures et sans reproches
Quasiment la moitié des 43 trophées s’obtiendra en tuant les boss (dont certains facultatifs), le reste pouvant s’acquérir essentiellement en maîtrisant les sorts, en découvrant les serments, en améliorant des armes ou en collectant certains objets. Comptez 80-90h pour le platine et au minimum 3 parties.
Voir la liste des trophées pour Dark Souls III
Vous êtes mort
L’aventure va être difficile, dangereuse, vous n’aurez pas le droit à l’erreur car la mort vous attendra à tous les coins. Vous devrez mourir et persévérer pour apprendre à survivre, pour avancer un peu plus dans ce monde horrible, pour connaître la légende qui gère les terres qui vous avalent au moindre faux pas. Mais vous en tirerez du plaisir, voire du bonheur. Une heure à explorer une zone 50 fois, un boss récalcitrant combattu sans succès 10 fois, la même horde de squelettes qui vous rosse 20 fois, quand vous aurez vaincu tout ça et tout en sachant que le pire est devant vous, vous irez au bord de la falaise, sous les aurores boréales, la musique du dernier boss vaincu encore dans les oreilles, vous sentirez cette brise dans votre casque et là… là… vous pourrez vous dire que vous avez réussi, que vous êtes dans le meilleur jeu de 2016 (selon moi) et que le vent que vous sentez, c’est le souffle de la bête derrière vous. Vous êtes mort.
Note : 9,5/10 (test réalisé par Nekoto)
9,5/10, c’est une belle note accordé au jeu.
Je l’ai aussi beaucoup aimé, mais malheureusement je trouve qu’il y a trop de bug graphique pour un jeu de cette envergure. Mais en passant outre, c’est vrai que l’histoire est vraiment excellente et que le gameplay est agréable.
Juste cette histoire de bug graphique qui me pourrisse la vie parfois. Ah, et les bugs de hitbox aussi parfois 🙁