Il était une fois un studio néo-zélandais. Tout petit par le nombre, mais grand par le talent, ils décidèrent d’aller au-delà de leur rêverie et de créer un deuxième jeu, celui qui nous intéresse aujourd’hui, Trigger Witch sur PS4. Vous allez contrôler Colette, jeune fille aux yeux vairons qui va devoir sillonner donjons, découvrir divers secrets et zones cachées dans cette grande carte qui compose le monde d’Evertonia. Un monde coupé en deux, entre la région contrôlée par les sorcières et le nord contrôlé par les gobelins. Deux peuples que tout oppose. Là où le jeu se veut original, c’est que nos sorcières n’utilisent plus de magie, mais des armes à feu. Est-ce que ce simple concept peut faire un bon jeu ?
Colette, l’apprentie sorcière… avec un flingue !
Colette n’est pas une banale héroïne muette sans saveur, elle s’affirme, parle haut et fort, réponds avec dédain et est actrice de son aventure. Le personnage est bien écrit et très agréable à jouer et ça, ça change beaucoup dans notre approche d’Evertonia. Un monde un peu étrange où Colette atteint l’âge de recevoir sa première arme, sortant d’une faille au milieu du pays. Armée et déterminée, Colette réussie son initiation au “balisticisme” (sorte de religion du fusil) et est lancée dans un monde plein de farfadets, gobelins et autres champignons sauteurs qui vont gouter du plomb, car une menace rôde !
Un personnage au but douteux est sorti de la faille, en même temps que l’arme de Colette, et semble planifier quelque chose de pas très cool. Du coup, ce n’est pas une très bonne idée de se mettre entre la sorcière et ce mystérieux bonhomme ! Le scénario semble simple, mais aborde des sujets sérieux comme le racisme, ou plus globalement les préjugés. L’avancée est teintée de beaucoup de rebondissements, parfois attendus, parfois très surprenants, ce qui donne envie d’avancer et de finir le jeu pour savoir le fin mot de tous ces secrets. Dans cet univers, c’est tuer ou être tuée. Mais pas d’inquiétude. Si vous prenez trop de balles perdues, des fioles de soins se chargeant avec l’essence vitale de vos victimes pourront vous sauver la peau. Plus vous répandrez du sang, plus vous êtes en capacité de vous soigner. Pratique ! Un lointain héritage du passé magique de Colette…
Pour 100 balles, t’as plus de magie.
Là où vous, lecteur.ice.s, vous voudriez maitriser la magie et faire cuire vos œufs avec un sort, dans ce jeu, seules les armes comptent et la sorcellerie a été abandonnée il y a fort longtemps. Reste quelques sorts basiques comme la téléportation sur de courtes distances. Sort tellement banal que vous le maitrisez sans aucune connaissance de la magie. Ce dash s’incorpore dans le gameplay comme esquive de pièges à ours, pics et autres flammes qui sortent des cloisons, ce qui amène de la nervosité dans vos affrontements, tout en évitant d’instaurer de la lourdeur dans les déplacements. On est devant un jeu en twin-sticks action/aventure. Mais quelle est cette sorcellerie me demandez-vous ?
Il s’agit d’un jeu de shoot où le stick gauche sert à se déplacer, le droit à viser. Aussi simple que ça. Bien sûr, une pléthore d’armes seront à votre service, allant du pistolet de base, à un lance-flamme, en passant par un fusil automatique. Il faut bien considérer le pistolet comme arme de base, c’est la première que vous obtiendrez, mais aussi celle avec des chargeurs infinis. En effet, toutes les autres armes sont considérées comme spéciales et, une fois que le chargeur et vide, le changement se fera automatiquement sur le gun de base jusqu’à ce que votre autre arme se recharge grâce au temps.
Plusieurs marchands seront à votre disposition pour améliorer les flingues dans quatre catégories : dégâts, cadence de tir, nombre de munitions dans le chargeur et enfin le temps de recharge. Ceci vous évitera de passer l’arme à gauche lorsque la difficulté augmente, avec une courbe de difficulté très bien dosée d’ailleurs. Manette en main, le feeling des tirs est très jouissif, l’écran bouge, la manette vibre de façon logique et les ennemis en prennent plein la tronche. Le bestiaire est par ailleurs bien varié, des boucliers vivants qui protègent leurs alliés, des chapeaux qui tirent des boules à têtes chercheuses, des boites qui vous poussent dans le vide… Un joli petit monde qui n’attend que de se faire massacrer par vos soins au long de cette grosse dizaine d’heures de jeu.
Harry et la chambre de l’AK47
Abordons le point faible de Trigger Witch, sans tirer sur l’ambulance, la technique. Nous avons dans la ligne de mire un pixel art grossier, auquel je suis réticent. Attention, je ne saigne pas des yeux en y jouant, certains moments sont jolis, mais les designs des monstres sont moyens, les personnages ne sont pas très inspirés et leurs images pendant les bulles de dialogues montrent des dessins grossiers. Il y a aussi ces flaques de sang après un massacre qui sont beaucoup trop hors de propos dans ce jeu. Alors oui, c’est voulu, ça crée un décalage encore plus fort entre cet aspect SNES colorés et la dure réalité des armes à feu, mais c’est trop pour moi. Et là surprise, grâce aux assez nombreuses options, on peut modifier les tripes au sol par des bonbons et des gerbes de toutes les couleurs.
Ce qui m’a permis de lancer mes parties plus facilement, car cette option me semble plus dans le ton du jeu. Un petit mot sur les musiques qui sont oubliables et surtout beaucoup trop répétitives, la faute à des boucles trop courtes et pas de grandes inspirations dans les mélodies, le petit côté rock est tout de même appréciable, laissant la magie opérer un minimum.
Et donc ?
Le jeu est une sorte de monstre de Frankenstein, dans le sens positif du terme. Un agglomérat de diverses inspirations, un monde à la Zelda 2D, un humour à la Undertale, une direction artistique à la Mother / Undertale, un gameplay s’inspirant d’Enter the Gungeon, etc. Pourtant, le titre arrive à se démarquer, à avoir une âme, une propre volonté. Je me suis plongé dans un jeu auquel je n’aurais jamais joué si je m’étais arrêté à sa proposition, des sorcières avec des fusils, car cela me semblait trop en contradiction.
Pourtant l’univers marche, le décalage fonctionne à merveille, car ce qui lie l’ensemble, l’histoire et le gameplay, est réussi. C’est la plus grande force de Trigger Witch sur PS4, avoir su nous ensorceler avec une mixture qui semblait bancale, mais in fine, tout est bon. Je recommande chaudement. Gloire au balistiscime !
Note : 7/10 (test réalisé par Daarken)