Petit studio londonien notamment connu pour la série des excellents Reigns, Nerial nous plonge au cœur du siècle des lumières, dans une France ayant soif de connaissance et luttant contre l’obscurantisme. Comme son nom peut le supposer, le sujet principal de Card Shark reste… les cartes. Alors petit jeu entre vous et moi, devinez à quoi vous allez jouer ? Poker, crapette ou batailles ? Non, rien de tout ça. Vous devez tricher. Alors la triche oui, mais la triche discrète, sans se faire prendre bien entendu. Le but sera d’utiliser toutes les armes à votre disposition, toutes les bassesses et manipulations possibles, pour dépouiller les joueurs autour de la table et remplir vos bourses de quelques étincelants écus, vous permettant de passer de valet à roi.
Abattre ses cartes comme un as.
Après quelques heures, je peux vous affirmer que ce petit jeu est un atout de choix pour votre ludothèque !
Serveur dans une modeste taverne du Sud Ouest de la France, muet, sans nom ni renommée, votre personnage va croiser la route du Comte de Saint-Germain, artiste peintre ayant vraiment existé au début du XVIIIème siècle, qui va vous prendre sous son aile et vous former à l’art subtile de la duperie pendant une partie de cartes (et vous savez que John adore les jeux de cartes !). Nerial se permet de piocher dans l’Histoire des personnes ayant réellement vécues, allant de Voltaire au Roi Louis XV, pour donner de l’épaisseur et ancrer dans la réalité ce scénario.
Là où le jeu m’a énormément surpris, c’est que je l’attendais pour son gameplay, jouer des parties de cartes et tenter d’escroquer mon adversaire, mais c’est avant tout cette intrigue qui m’a passionné. Des multiples personnages haut en couleur, des twists inattendus et des dialogues savoureux sont le cœur même de ce jeu. Les “douzes bouteilles de lait”, dont le comte veut percer le secret grâce à votre aide, piquent notre intérêt jusqu’à un excellent climax mêlant maîtrise totale du scénario et rebondissements de folie. Là où le jeu est encore plus fort, c’est au sujet de son univers et des rencontres que vous allez vivre, certaines personnes pouvant tricher comme vous et rendant une partie bien plus intéressante que ce qui était prévue de prime abord, certaines rencontres surnaturelles et improbables ponctuant des actes précis comme lorsque vous perdez la partie. Surtout que vous pouvez faillir sans vraiment vous y attendre. En effet, mourir d’une balle dans la tête en vous faisant prendre lorsque vous ne jouez pas selon les règles, ou simplement en finissant sur la paille, car oui vous jouez bien évidemment de l’argent, sont d’autant de possibilités de perdre dans cette aventure unique.
Un gameplay trèfl-efficace.
J’ai été très agréablement surpris par l’histoire du soft, mais aussi par son système de jeu. Je pensais jouer une partie entière et parfois montrer toute l’étendue de ma fourberie en arnaquant les joueurs adverses, mais non ! Il faut plutôt voir ceci comme une succession de mini-jeux à la Wario Ware. Près de 30 possibilités de tricheries différentes que vous allez apprendre à maîtriser via un petit tutoriel qui, une fois terminé, vous lancera dans le mini jeu où vous reproduirez ce que vous avez appris. Mélanger les cartes d’une certaine manière avec le stick gauche, distribuer les cartes en les passant par dessus une objet réfléchissant pour voir la carte que vous donner ou encore marquer les cartes avec un pinceau sont d’autant de mini jeux qui vont vous demander d’exécuter une combinaison particulière de touches comme une sorte de QTE.
Les niveaux sont représentés par différentes villes, Aix-Les-Bains ou Toulouse par exemple, qui vous feront voyager et avancer dans cette histoire. Par conséquent, vous ne jouerez jamais une vraie partie de carte à proprement parler. Mais, les mini-jeux variés et la difficulté progressive, en plus de l’enrobage scénaristique, ne vous feront jamais penser que vous faites simplement une suite de petits jeux rapides. En plus des parties de triches, il est à noter que vous allez apprendre à maîtriser l’épée qui est mise en jeu par une sorte d’exercice de mémoire où vous allez répéter les mouvements de l’adversaire. Un ajout bienvenu qui va casser ce petit train train de diligence, tricherie, dodo.
Jeu de main, jeu de vilain
Comme les images le montrent, Card Shark a un style particulier, et qui personnellement, ne me plait pas. Mais si je reste objectif, ce que je dois être pour ce test, c’est tout de même joli, sans fulgurance. Il faut reconnaître cependant que cette patte graphique singulière se marie parfaitement avec la France des années 1700, une sorte de dessin de la Renaissance, avec de gros traits noirs et épais. Je rajoute que les animations sont rigides, les personnages se mouvant comme des sortes de marionnettes, peu de zones peuvent bouger, rendant une impression très désagréable. La bande son étant similaire aux notes que l’on peut entendre dans les “musiques d’ascenseurs” ne m’a pas marquée…
En revanche, ce que je retiens ce sont ces crashs qui ferment le jeu (j’en ai eu 3 en 6-7h de jeu… oups !) mais surtout un énorme bug qui m’a softlock (comprenez que le jeu est totalement bloqué et donc injouable) car le logiciel a décidé de me mettre à un endroit imprévu, sans que je puisse bouger, donc la suite de l’histoire ne se déclenche plus. J’ai dû recommencer le jeu… C’est la première fois que cela m’arrive en 20 ans de jeu. Alors ce sont des problèmes qui peuvent se résoudre avec des patchs car contrairement à l’époque abordée dans Card Shark… on a internet ! Mais ce sont vraiment des problèmes que j’ai du mal à accepter.
Et donc ?
Ce jeu n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais et tant mieux ! Avec de grands atouts comme son histoire et son gameplay, nous sommes face à un as du jeu indépendant. Il manque tout de même ce je ne sais quoi pour le hisser au sommet des Shovel Knight, Céleste ou autre Stardew Valley. Ajouter par exemple des tutoriels pour apprendre à vraiment tricher, comment maintenir les cartes dans la vraie vie ou quelques astuces pour des tours de magie ne me semble pas superflu. Le jeu n’a aucun intérêt à être fait deux fois et j’en sais quelque chose… Le fait est qu’il s’agit ici d’un petit diamant brut, qui ne demande qu’à être poli et peaufiner pour peut-être aboutir à une suite parfaite. Pour l’instant, le petit dernier de Nerial ne nous laisse pas sur le carreau, Card Shark tire clairement son épingle du jeu et nous propose une expérience surprenante, de qualité, et surtout originale !
Note : 8/10 (test réalisé par X_Daarken)
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